WHEN A COMPATRIOT PLEASANTLY SURPRISES US! QUAND UNE COMPATRIOTE NOUS SURPREND AGRÉABLEMENT!




English version

Dear readers, any comments from us on the text of a compatriot we lifted from Facebook would be superfluous. So we leave you in the company of the original, without comment or translation. We who were seeking, like Diogenes, Gabonese intellectuals; on this one we are speechless!


Version française

Chers lecteurs, tout commentaire de notre part sur le texte d’une compatriote que nous avons piqué sur Facebook serait superflu. Nous vous laissons donc en compagnie de l’original, et ce sans commentaire ni traduction. Nous qui cherchions, comme Diogène, les intellos Gabonais ; sur ce coup nous sommes bouche bée !



Chers vous,

Certains citoyens gabonais dont je fais partie se réservent souvent de donner des opinions sur les préoccupations collectives qui touchent le Gabon, dans un pays « sens-dessus-dessous » et un contexte « fourre-tout » où l’injure a supplanté l’argument, où l’hystérie et la psychose des inassouvis créent un amalgame et semblent aveuglément vous rattacher à une appartenance politique (lorsque vous ne pensez pas comme eux) comme s’il n’était plus envisageable d’avoir des citoyens libres de s’exprimer sur des questions ponctuelles, délestés de tout ancrage partisan…

Aujourd’hui, face à la situation endémique que vit l’Université de Libreville et piquée par un sursaut de « patriotisme », en ma qualité de prof à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar donc « un peu » du domaine éducatif, je me permets de partager gratuitement mon expérience au sein de cette institution afin de voir comment y fonctionne le système LMD à une époque où plus personne ne vit en autarcie sans comparer pour mieux s’améliorer…

En général et cela en toute chose, pour qu’une institution académique exige l’excellence, une règle élémentaire voudrait que l’on vende/propose d’abord l’excellence en premier (ou du moins que l’on tende vers l’excellence) notamment à travers des politiques structurelles favorables à une véritable éclosion intellectuelle : une université devant être le premier « bastion » de l’intelligentsia et de la doxa…

Sans exclure une hypothétique instrumentalisation de la part de certains étudiants politisés/manipulés ni la stigmatisation de la part de certains véreux politiciens (aussi bien de l’opposition que du parti au pouvoir), je voudrais me prononcer sur le fonctionnement « intangible » d’une université qui se veut « excellente ».
Je choisis quelques points « simples » pouvant servir d’indicateurs de performance (en partant de mon expérience pour ne pas tomber dans les généralités)…

1. Mode de Recrutement au sein des universités.

En 2012, après une soutenance de thèse à l’Université Complutense de Madrid avec mention « Très Honorable », je suis rentrée au Gabon, convaincue que l’Université de Libreville accusant un déficit en personnel enseignant aurait besoin de mes services. Je vous économise les péripéties surréalistes vécues n’ayant absolument rien à voir avec la culture de l’excellence, des conditions floues et ambigües des recrutements proches de la camaraderie, du copinage, du tribalisme jusqu’au moment où j’ai choisi de changer de cap pour aller voir à Cheikh Anta Diop tout à fait par hasard… Tenez par exemple : Au lieu de me poser des questions « techniques » et de m’évaluer dans mon domaine, la seule fois où j’ai rencontré le chef de département de l’époque, tout ce qu’elle a trouvé à me dire était : je ne vous connais pas (je ne savais pas que dans l’administration, il fallait connaître personnellement les gens pour les recruter…). Puis elle a tenté de m’intimider en me demandant pourquoi j’étais allée me plaindre chez le Ministre de l’époque pour lui faire savoir les conditions de recrutements floues de l’UOB (c’est un épisode tellement long. Mais lorsque j’ai eu l’opportunité de rencontrer le ministre de l’éducation et de l’enseignement supérieur de l’époque, j’ai cru bon au moins l’en informer parce qu’il était le chef hiérarchique de l’Université au cas où il n’était peut-être pas au courant des manigances de l’UOB... Pour info encore, je ne me suis pas arrêtée là, j’ai même adressé une lettre à l’actuel Président gabonais. En suivant la voix « normale », je l’ai déposé mon courrier au service « Courriers » de la présidence comme une citoyenne ordinaire. Peut-être me dira-t-on que là encore, il ne l’a pas reçu et que des gens « malveillants » auraient « bloqué » ce courrier qui expliquait mon indignation et ma frustration face à des incongruités administratives du Gabon et à certaines viles pratiques de l’UOB en matière de recrutement…)…Cela démontre donc le disfonctionnement d’une administration… J’ai renoncé à l’UOB et à l’ENS lorsque j’ai compris qu’il me fallait désormais chercher un « parrain » pour faire « avancer » mon dossier… Chose que j’ai refusée même lorsque j’en ai eu l’occasion parce que je ne cherchais pas une promotion, je voulais que l’on donne une suite favorable ou non, mais une suite au moins par écrit (puisque l’administration est écrite) avec des « arguments qui tiennent ».

Comment recrute-t-on à l’UCAD ?

D’abord, (comme dans toute université qui se respecte), on lance officiellement un appel à candidatures dans le quotidien du Sénégal et par toutes les voies de communication officielles permettant de diffuser largement l’information aussi bien sur le plan national qu’international. Puis on laisse une période suffisamment longue (au moins trois mois) pour donner l’opportunité aux intéressés de se manifester. S’ensuit une commission de recrutement au cours de laquelle on a préalablement informé tous les enseignants du département déjà en activité pour venir se prononcer sur les candidatures recueillies. Les critères de recrutement avec leurs points respectifs sont connus de tous : âge du candidat, cursus académique sur la base du mérite, spécialisation du candidat et adéquation avec le besoin du département qui recrute, expérience du candidat, ses publications, pertinence du sujet de thèse et note obtenue… A l’UOB en revanche, mon dossier qui y est toujours « à l’étude » n’a pas encore « abouti » et c’est dans les couloirs que la « rumeur » m’informait qu’il y aurait eu une commission qui recrutait selon « le besoin » : là encore je n’ai jamais eu d’arguments clairs ni rencontré personne qui puisse m’en dire davantage. C’est le « on a dit » » qui marche…

2. Performance en bref.

- La P.I.R. (Prime d’Incitation à la Recherche) dont bénéficient les enseignants de l’UOB. A l’UCAD on a un « voyage d’études » chaque deux ans qui consiste à effectuer un séjour dans le centre de recherches d’un pays du choix de l’enseignant au frais de l’UCAD donc de l’état sénégalais. Le titre de transport est directement payé par l’employeur (l’UCAD) et une somme forfaitaire d’un million de F CFA (1500 euros) est remise à l’intéressé pour supporter les frais de son séjour (hormis son salaire mensuel naturellement).

- Lorsque vous avez été recruté, si au bout d’un moment vous n’avez rien publié dans une revue scientifique (inter)nationale, l’Université se réserve le droit de revoir votre contrat puisque vous n’apportez rien de plus à l’institution. Ce n’est pas pour nous jeter les fleurs, l’UCAD regorge de milliers d’enseignants donnant des cours dans le monde parce que derrière tout ça il ya des publications et des grades… C’est cela un signe de performance donc d’excellence.

- Dans le ranking des universités africaines (toutes les universités anglophones et francophones confondues), l’UCAD arrive en 70ème position sur les 100 premières universités tandis que la 284ème place est occupée par… l’UOB. A ce stade, je ne peux que dire « grand merci » au chef du département d’études ibériques de l’époque et à son équipe qui ont judicieusement estimé que mon dossier n’était pas « assez pertinent » pour me recruter. Soit dit au passage, je n’ai reçu aucune suite/notification à ce jour…Politique de l’usure ou stratégie de l’indifférence ? Silence radio !). 
Ref.Ranking 2015: http://ranking.journalsconsortium.org/…/2015_Africa_Univers…

- Les infrastructures : pour ceux qui ont été à Dakar, en comparaison, l’UOB est en terme de superficie, un département de l’UCAD… On me dira qu’on peut être performant en étant même une toute petite institution. Ok. Juste en comparaison « de marché » comme si on parlait à Mont-Bouet c’est-à-dire « terre à terre », la construction des infrastructures à l’UCAD pour désengorger les effectifs pléthoriques est visible à l’œil nu… On « voit » comment on livre des bâtiments achevés, on « voit » comment on en construit de nouveaux, on « voit » comment les travaux « avancent »… Je veux par là dire que c’est PALPABLE.

- A l’UCAD, on ne nomme pas au conseil des ministres (donc par possible copinage) les chefs de département ni les chefs des facultés, ils sont ELUS pour deux ans NON RENOUVELABLES par l’ensemble des syndicats universitaires. C’est un peu normal, quand vous voyez ça, vous comprenez que c’est le pays de l’académicien Senghor et que Cheikh Anta Diop c’est le savoir, le nom le dit bien… parce que « lux mea lex » (« la lumière est ma loi » : crédo de l’UCAD)

3. LMD et coût.

Au Département de Langues Romanes (Portugais-Italien-Espagnol) où j’ai été recrutée comme prof d’Espagnol (recrutée par l’UCAD et intégrée dans l’administration sénégalaise sans connaître un cousin qui connaissait un frère…), le Master coûte 50.000 F CFA. L’admission se fait sur étude du dossier du candidat par ordre de mérite… Le LMD est un système qui est en réalité au-delà de la performance qu’on promeut un mode de privatisation des universités pour que les contenus des enseignements soient en adéquation avec le marché du travail… Cela suppose donc que pour justifier d’un coût élevé ou d’une augmentation de frais de scolarité, l’institution qui propose les enseignements les a préalablement améliorés soit par la qualité des enseignants (publications et grades de ces derniers), soit par la qualité des enseignements et de ses infrastructures (actualisation des bibliothèques, modernisation des bâtiments et outils de travail divers, etc.). Je veux dire par là, qu’en l’état actuel du cafouillage qui règne à l’UOB, rien n’expliquerait que du jour au lendemain on augmente les frais de scolarité d’une université publique qui reçoit en principe des subventions de l’Etat pour amoindrir les coûts. C’est une incongruité.

Je pense qu’à l’UCAD, on est au moins 100.000 étudiants (sinon près de 200.000), avec des besoins bien plus criards que d’autres universités de pays ayant suffisamment de ressources naturelles pouvant permettre la gratuité de la scolarité au sein d’une université publique. Le Sénégal n’a pour toute ressource que les hommes et des femmes qui rêvent grand. Point de pétrole, ni de bois, ni manganèse, etc.

Conclusion : Chacun en tire la sienne. Je suis née au Gabon, pays que j’aime par-dessus tout, mais en terme de choix je préfère réside au Sénégal parce qu’« un bout de terre n’a jamais fait chez soi, c’est le temps qui me l’a appris » (dixit Corneille). Aux jeunes gabonais : n’attendez pas toute une vie que l’on vous permette pour commencer à exister. La compétence s’exporte en tout lieu. Soyez de bons conquérants. Votre pays ce n’est pas uniquement celui qui vous a vu naître c’est tout endroit passible d’opportunités que l’on fait sien. Je vis aujourd’hui à Dakar et je me considère sénégalaise, par amour je suis devenue espagnole, et demain je serai peut-être ailleurs. Arrêtez de vous plaindre. Osez ! Nul n’est prophète chez soi dit-on ! Joyeuses fêtes !

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