REFLECTIONS OF PAULETTE OYANE-ONDO: HOW TO REFORM GABON? PART 1: THE FRENCH FASCINATION. REFLEXIONS DE PAULETTE OYANE-ONDO : COMMENT REFORMER LE GABON ? 1ERE PARTIE: LA FASCINATION FRANÇAISE

Paulette Oyane-Ondo (photo: Gabonlibre)



English version

In a country where thinking is discouraged, Paulette Oyane-Ondo continues to stimulate the intelligence that lies within many Gabonese by offering outstanding learning exercises that enrich the reader making the effort to assimilate them and forge their understanding of citizenship. Here is another in this series. Unfortunately, the text is published only in French.

Version française

Dans un pays où l’on décourage la réflexion, Paulette Oyane-Ondo continue de stimuler l’intelligence qui sommeille en bien des Gabonais en proposant de remarquables exercices d’érudition qui enrichissent le lecteur se donnant la peine de les assimiler et forgent sa compréhension de la citoyenneté. En voici un autre de cette série.



TRIBUNE DU CDDH-GABON


Comment reformer le Gabon ? 1ere partie : la fascination française.

A cette interrogation, j’imagine les lecteurs répondre en choeur : il faut d’abord changer la constitution. Et, ce n’est pas faux. Cependant la révision d’une Constitution n’est pas une fin en soi, les incessants changements de constitution qui interviennent au Gabon nous le démontrent parfaitement. Ce n’est que par ce que, ses initiateurs visent à travers ce changement qu’il peut avoir un sens ou non. Lorsque l’on veut bâtir une Nation, une Constitution ne peut en effet être révisée que dans le but d’apporter un plus au pays. 
Prenons l’exemple de la France qui nous fascine tant, nous les gabonais, et qui s’est réformée par les changements de constitutions. Après la Révolution française et la «Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen» de 1789, puis la proclamation de la première République en 1793, la France n’a pas pu éviter par la suite un retour à la monarchie et à l’autoritarisme qui est apparue sous différentes formes : Consulat, restauration, Empire. Jusqu’en 1870, elle a connu trois monarchies constitutionnelles, deux républiques et deux empires. Ce n’est qu’en 1879 qu’elle a définitivement tourné le dos à la royauté et consacré la République telle que nous la connaissons aujourd’hui. 
La 3ème République fondée par les Lois constitutionnelles prises entre 1875 et 1879, a posé durablement le socle démocratique de la France avec les lois sur la liberté de la presse, l’école gratuite et obligatoire, l’enseignement public et laïque, la légalisation des syndicats et des associations, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, les congés payés, les conventions collectives, la semaine de 40 heures, etc.
La 3ème République a expiée en 1940 face à l’Allemagne. La Constitution adoptée en 1946 donnera naissance à la 4ème République qui tombera à son tour en 1958. 
Les Français ont mis près d’un siècle pour entrer définitivement en République et en démocratie, deux choses qui vont de paire en principe, sauf au Gabon où nous vivons le paradoxe d’une prétendue république qui n’est pas démocratique. Les Français ont consommé quatorze Constitutions en 6 siècles et le Gabon en a consommé 14 en 53 ans.

Mais il n’y a pas que le facteur temps, il y a surtout la finesse du choix de la direction que doit prendre le pays. La France a choisi la voie lumineuse du chemin du progrès. Ce que le Gabon a été incapable de faire jusqu’à présent. Charles de Gaulle, quelles que soient les réserves que je peux émettre à son encontre en tant qu’ Africaine francophone, représente toute la noblesse et la grandeur dont peut s’enorgueillir la France du XXe siècle. C’est lui qui l’a façonnée, de par sa vision du monde et de ses décisions qui l’ont souvent sauvé. Ses idées et son héritage intellectuel et politique continuent d’inspirer la classe politique de la France, de gauche comme de droite, jusqu’ à nos jours. C’était un grand homme au sens propre (il mesurait plus de deux mètres) et figuré. Le Gabon malheureusement n’a jamais eu un tel homme à sa tête.

Il est d’ailleurs curieux que dans l’histoire de la France ce sont deux membres d’une même famille, les Napoléon, qui aient commis à un demi-siècle d’intervalle les deux seuls coups d’Etat qu’elle ait connu. Ils ont institué des Empires. Napoléon Bonaparte a commit le premier coup d’état en 1799 (18 Brumaire) en étendant le mandat du Consulat dont il était membre à dix ans puis à vie une fois devenu Premier consul, avant de se proclamer en 1804 «Empereur des Français». Louis-Napoléon Bonaparte est l’auteur du second. A la faveur de la Révolution de 1848, il s’est fait élire député puis, après l’adoption d’une nouvelle Constitution rétablissant la République, comme premier président de la République de l’histoire de France. C’est extraordinaire comme une famille peut faire du mal à un pays tout entier.

La Constitution de 1848 a créé la fonction de président de la République éligible pour un mandat de quatre ans, et posé la règle que la rééligibilité n’est envisageable qu’après un intervalle de quatre ans. Elle a aussi institué le poste de vice-président. Elle affirme dans son préambule : «La France s’est constituée en République. En adoptant cette forme définitive de gouvernement, elle s’est proposée pour but de marcher plus librement dans la voie du progrès et de la civilisation…» Dans l’article premier, et comme pour conjurer tout risque de retour en arrière, elle avait disposé que «la souveraineté réside dans l’universalité des citoyens français. Elle est inaliénable et imprescriptible. Aucun individu, aucune fraction du peuple ne peut s’en attribuer l’exercice».A l’article 51 il est précisé que le Président «ne peut suspendre en aucune manière l’empire de la Constitution et des lois». C’est pourtant ce que Louis-Napoléon Bonaparte a fait malgré d’autres protections dont la Constitution a cru s’entourer comme l’article 110 où il est stipulé que «l’Assemblée nationale confie le dépôt de la présente Constitution et des droits qu’elle consacre à la garde et au patriotisme de tous les Français». Le serment d’investiture prêté par Louis Bonaparte, conformément à l’article 43 est : «Je jure de rester fidèle à la République démocratique une et indivisible et de remplir tous les devoirs que m’impose la Constitution». Pourtant début 1951, il change la hiérarchie militaire pour placer des hommes dévoués à sa cause. Le coup d’Etat est en marche. Son plus proche conseiller, son éminence grise, est son frère, Charles de Morny, un affairiste dont il fera son ministre de l’Intérieur puis le président du Parlement. A l’approche de l’expiration de son mandat, il entreprend de changer la Constitution pour pouvoir se représenter à l’élection présidentielle. Le 14 janvier 1852, il adresse une proclamation au peuple français dans laquelle il déclare : «Je me suis dit : puisque la France ne marche depuis cinquante ans qu’en vertu de l’organisation du Consulat et de l’Empire, pourquoi n’adopterons-nous pas aussi les institutions politiques de cette époque ?... C’est pour cela que j’ai soumis à votre jugement les bases principales d’une Constitution empruntée à celle de l’An VIII». 
(Cela me rappelle Marcel Djabioh avec son célèbre : « Mr j’ai décidé »).
Le texte qu’il présente fait passer le mandat présidentiel de quatre à dix ans, mais il doit être approuvé par la majorité des deux-tiers des membres de l’Assemblée nationale. Il lui manque 94 voix (446 pour, 278 contre). Le 2 décembre 1852, il dissout l’Assemblée et proclame le second Empire. Les députés qui s’opposent à son coup de force sont mis aux arrêts. Le 4, l’armée réprime la foule sortie manifester. La répression s’étend à tout le pays et on comptera des milliers de morts. Dans la nouvelle Constitution confectionnée à sa mesure, la justice est rendue en son nom propre (art. 7), il a le monopole de l’initiative des lois (art. 8), les ministres, sénateurs, députés, magistrats, fonctionnaires et officiers doivent lui prêter serment de fidélité (art. 15). Il en est ainsi quand une famille se croit être propriétaire d’un pays.

Voici le portrait que dresse Victor Hugo de Louis-Napoléon Bonaparte, depuis son exil en Belgique, dans un pamphlet célèbre titré Napoléon le Petit : «Que peut-il ? Tout. Qu’a-t-il fait ? Rien. Avec cette pleine puissance, en huit mois un homme de génie eût changé la face de la France, de l’Europe peut-être. Seulement voilà, il a pris la France et n’en sait rien faire. Dieu sait pourtant que le Président se démène : il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ; ne pouvant créer, il décrète ; il cherche à donner le change sur sa nullité ; c’est le mouvement perpétuel ; mais hélas ! Cette roue tourne à vide… Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir. Il a pour lui l’argent, l’agio, la banque, la bourse, le coffre-fort… Cet homme ne raisonne pas ; il a des caprices, il faut qu’il les satisfasse… Faites des affaires, gobergez-vous, prenez du ventre ; il n’est plus question d’être un grand peuple, d’être un puissant peuple, d’être une nation libre… On y ajoutera le cynisme car, la France, il la foule aux pieds, lui rit au nez, la brave, l’insulte et la bafoue ! Triste spectacle que celui du galop, à travers l’absurde, d’un homme médiocre échappé». C’est incroyable comment Victor Hugo, génial visionnaire, a décrit il y a 3 siècles le Gabon d’aujourd’hui !!

Les lois constitutionnelles ont façonné la 3ème République et lui ont assuré le record de longévité depuis 1789. La Constitution de 1958 a quant à elle été régulièrement adaptée aux évolutions de la société française et du monde jusqu’en 2008, date à laquelle le nombre de mandats présidentiels a été ramené à deux par le président Sarkozy après que le président Chirac eut ramené leur durée du septennat au quinquennat. Elle est aujourd’hui composée de la «Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen» de 1789, du «Préambule» de la Constitution de 1946, d’un bloc de 106 articles et, après ceux des droits de l’Homme, consacre les droits de la nature par l’incorporation d’une Charte de l’environnement tenant en 10 articles. Ainsi la France peut affronter l’avenir. Alors que le Gabon n’est même pas encore capable d’incorporer dans son ordonnancement juridique interne ce serait-ce que les dispositions de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples.

Le fondateur de la Ve République, de Gaulle, avait quitté ses fonctions avant la fin de son deuxième mandat après avoir rendu d’éminents services à son pays, modernisé son économie et transformé le visage de la France sur tous les plans. Il disait que : «Toute grande construction humaine serait arbitraire et fragile s’il y manquait le sceau de la France» (Mémoires de guerre : le Salut).

Dans la «Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen» rédigée en 1789 par les révolutionnaires on peut lire à l’article 16 que : «Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution».

Au Gabon, si nous avons le contenant, un fascicule où est écrit en couverture le mot Constitution, nous n’avons hélas pas le contenu. Nous n’avons donc pas de Constitution. Et pour reformer le Gabon, il est impératif de créer la 2ème république et donc réviser ce que qui nous sert de constitution, à savoir le vide, le néant, le mensonge.

Les gouvernants gabonais n’ont pas conscience qu’ils passeront, mais que leurs œuvres resteront, et elles sont mauvaises. Ils laisseront donc derrière eux comme les mines anti personnelles enfouies sous terre par un ennemi pour punir ceux qui hériteront de cette terre dont ils vont nécessairement être chassés, ne serait-ce que par la colère de la Nature et la force des Esprits.

P2O

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