LA PRESSE PUBLIQUE GABONAISE EST DEPASSÉE; IL FAUT L’EUTHANASIER

Une remise de don du PDG à des gabonais dans l’arrière pays, présentée lors de la principale édition du journal télévisé




Vous trouverez peut être le terme fort, « euthanasier ». Mais à notre avis, vu l’état dégénératif et incurable de la maladie généralisée dont souffre toute la presse publique, avec le patient le plus mal en point étant la RTG1, euthanasier cette presse serait épargner la population et aussi les agents de cette presse, d’une longue agonie qui continuerait à abrutir et les populations et les agents de cette presse. Nous utilisons le terme « euthanasier », ici dans le sens de l’acte qui consiste à provoquer intentionnellement la disparition d’un organisme pour mettre fin à des souffrances, pour qu’enfin puisse naitre à sa place quelque chose de plus sain, de plus performant et surtout de plus en phase avec la réalité de ce que vivent et désirent les populations. Attention, nous ne disons pas ici que les agents de cette presse doivent être jetés dans la rue, non ; ce serait agir en obtus comme Ali Bongo qui licencie n’importe comment sans en analyser les conséquences. Ce que nous disons est que les agents de cette presse doivent être libérés des contraintes qui les enchainent à un paradigme fixe, invariable, prévisible, stéréotypé et pour tout résumer, abrutissant. Il serait souhaitable que ces agents puissent évoluer dans un environnement qui fasse la promotion des intelligences et des talents. Tout le monde en trouverait son compte ; les consommateurs de l’information recevraient un service de qualité, les agents de cette presse seraient motivés et feraient de leur mieux pour qu’au finish ce soit le pays entier qui en ressorte avec une presse publique fiable et respectée et non l’espèce de caricature que nous constatons aujourd’hui. Voici les raisons fondamentales pour lesquelles nous utilisons le terme « euthanasier » qui désigne ici une interruption volontaire de ce type de presse conformément aux vœux de ce que nous pouvons caractériser comme la majorité des gabonais, car nous ne pensons pas qu’il y ait grand monde au Gabon qui dirait que cette presse lui sert (en dehors du pouvoir bien sûr).

1. La presse publique au Gabon bafoue non seulement le droit des gabonais à l’information, mais aussi le droit de ses agents d’informer.
Depuis toujours, les gabonais observent sans mot dire, les scandaleuses dérives d’une presse publique doublement dépendante à l’égard du pouvoir politique en général et à l’égard de la famille présidentielle plus particulièrement. Avant même que vous ouvriez le Gabon-Matin ou L’Union du jour, que vous vous asseyiez devant votre petit écran (ou grand écran plat pour les pédégistes plein aux as au Gabon), pour regarder le journal de 20 heures sur la RTG1, vous savez déjà qu’avec une probabilité de 100%, c'est-à-dire aucun doute possible aussi minimal soit-il, vous allez lire des articles et regarder un journal télévisé dans lesquels, le tapis rouge serait déroulé au pouvoir et à la famille présidentielle. Il est particulièrement dommageable à l’ensemble des gabonais de constater que la presse publique gabonaise n’hésite pas à mettre son antenne à la disposition du pouvoir, dans des activités qui n’ont absolument rien à voir avec la gouvernance ou même des affaires d’états. Alors qu’il y a des choses importantes qui se passent dans le pays et mériteraient d’être couvertes par la presse publique, les gabonais assistent régulièrement à un affligeant et obséquieux spectacle où on voit à longueur de journaux télévisés, pendant des segments de plusieurs minutes, des membres du gouvernement d’Ali Bongo se succéder à l’écran, en train de distribuer des dons souvent d’une ridicule banalité, aux compatriotes vivant dans l’arrière pays ou les quartiers les plus défavorisés de Libreville. Que vient donc chercher ce type de « charité racoleuse » au journal télévisé de 20 heures ? Si notre lectorat constitue un échantillonnage de l’ensemble des gabonais, nous pourrons postuler que dans sa majorité, la population regrette qu’un tel contenu puisse être diffusé sur les chaines de service public, et ce dans les éditions phares d’information. Outre la médiocrité de ce contenu, ce qui est condamnable est surtout la programmation de l’antenne qui sert de passe-plat au régime, de manière totalement débridée et sans se poser des questions. Le service public ne doit pas être qu’un diffuseur aveugle et bienveillant au service du pouvoir. Il doit répondre à son cahier des charges envers la population, qui l’oblige à offrir aux gabonais des informations d’une certaine qualité et intégrité. Malheureusement, la presse publique chez nous, manque totalement ses engagements et ternie chaque jour un peu plus son image et avec elle, la notre.

2. Ce qui est dit dans la presse publique est moins important que ce qui n’y est pas dit.
La question de l’avenir de la presse publique au Gabon est une question très sérieuse. C’est une question trop grave pour que seuls s’en préoccupent quelques syndicats, ONG et associations. C’est une question qui concerne tous ceux qui n’entendent pas que le pouvoir pense pour eux et agisse à leur place. Nous savons que cela mène au désastre. Il faut qu’un autre type de service d’information publique s’implante au Gabon. Quand l’information est monopolisée par des pouvoirs publics qui exercent un droit de censure illimité, et s’entourent de secrets destinés à garantir leur puissance, on ne saurait prétendre que le droit d’informer est exaucé, car la majorité des citoyens est exclue et l’information est arbitrairement mutilée pour servir le pouvoir. Au Gabon, tout se passe comme si l’usage des services publics d’information était réservé à certains qui en monopolisent non seulement les moyens, mais aussi les contenus. Le service public au Gabon présentera une information de qualité quand cette information sera diversifiée et non le fruit du monologue. Nous savons par exemple que les journalistes du service public ne disposent d’aucun pouvoir sur l’orientation éditoriale des médias dans lesquelles ils travaillent. Ce sont donc les formes d’appropriation, de financement et de régulation de l’espace médiatique public gabonais, qui doivent d’abord être détruites. En effet, cette presse publique nous présentera la remise par Rose Rogombé, d’une débrousailleuse à un vieillard du moyen Ogooué, comme un évènement majeur méritant 5 minutes d’antenne au journal de 20 heures sur la RTG1, quand la même presse ne dira pas un mot sur :
a. la question de l’acte de naissance d’Ali Bongo (une question nationale et constitutionnelle)
b. la question de l’achat du Pozzo Di Borgo (une question de fiscalité et de corruption)
c. la question de l’achat de la demeure Kennedy (une question de fiscalité et de corruption)
d. la question des crimes rituels commandités par les barons gabonais (question de crimes de sang)
e. les vacances d’Ali Bongo et famille à Saint Tropez (question de fiscalité, de jugement politique et de sagesse présidentielle)
f. les 5000 logements fantômes
g. les gabonais de l’industrie du bois qui ont perdu leurs emplois, comment s’organise leur reconversion ? (question économique et sociale)
h. les gabonais salariés de l’Habitat, des bourses et stages et les chassés du Tsunali, comment vivent-ils leur licenciement ? (question économique et sociale)

Les sujets sont nombreux et notre liste n’est pas exhaustive. Le contenu des organes de presse publique pourrait être facilement fortifié.

Le droit d’informer et le droit à l’information ne peuvent être garantis que par le pluralisme. Ce droit suppose l’indépendance des producteurs et des diffuseurs de cette information avec au premier chef, l’indépendance des journalistes. La presse publique au Gabon est complètement discréditée, ses contenus renforcent le statut du Gabon comme république bananière. Le public en a marre des pénibles séances journalistiques de cirage de pompes d’Ali Bongo et sa famille, destinées à corriger l’image désastreuse d’un président qu’on croirait sorti tout droit des pages d’une bande dessinée (un vrai cartoon). Nous avons un service de presse public à bout de souffle, dont le rôle n’est plus que de tenter de masquer le discrédit d’Ali Bongo, à coup de remises de débrousailleuses à des vieillards dans l’arrière pays. Quand on pense que ces gens nous promettent l’émergence, ça donne froid dans le dos !Mais comme dirait Patrick Simangoye, le journaliste archétype de la RTG, tout ça est « pathétique ». Quoi que dans le cas de Simangoye, nous ne comprenions pas toujours exactement le sens qu’il donne à ce mot « pathétique », car tout y passe : il décrit les caravanes d’Ali Bongo à travers le pays comme « pathétiques », une prestation de Patience Dabany au Stade de France est aussi pour lui « pathétique », un discours d’Ali Bongo à Koulamoutou lors du conseil des ministres délocalisé est jugé « pathétique », le défilé du cinquantenaire sur le boulevard triomphale était naturellement « vraiment pathétique » à ses yeux, sans oublier les nombreux « moments pathétiques » qu’Ali Bongo passent avec les diaspora gabonaises lors de ces voyages à l’étranger. Bon il va falloir qu’un grammairien nous explique les différents sens du « pathétique », tels qu’utilisés par Patrick Simangoye, qui nous vous le signalons, est DIRECTEUR à la RTG1. Vraiment pathétique !

Comments

Popular posts from this blog

GAGAN GUPTA’S MASTERFUL TRICK! LA MAGISTRALE ENTOURLOUPE DE GAGAN GUPTA !