TRADUCTION FRANÇAISE DE L’INTERVIEW D’ALI BONGO SUR NPR

Michel Martin sur la gauche.






Nous vous faisons la traduction française de l’interview d’Ali Bongo, réalisée par Michel Martin de NPR.

Qui est Michel Martin ?

Elle est née à New-York et obtint son diplôme de journalisme à l’université Harvard en 1980. Elle a longtemps travaille à ABC-News, avant d’animer « Tell Me More » sur NPR depuis 2006.

Propos d’introduction de Michel Martin :

D’entrée, nous allons écouter ma conversation avec Ali Bongo Ondimba, le président du Gabon. Il a succédé à son père qui resta au pouvoir pendant 41 ans. Il a rencontré le président Obama à la Maison Blanche et cette visite a généré d’énormes critiques aussi bien aux USA qu’à l’étranger, car Ali Bongo est accusé de trainer un long historique de corruption et d’abus des droits humains dans son pays. Nous avons rencontré Ali Bongo la semaine dernière, après son entretient avec le président Obama.


Michel Martin : Merci de nous donner l’opportunité de vous avoir avec nous.

Ali Bongo : Merci de m’avoir invité.

Michel Martin : pourquoi teniez vous à rencontrer le président Obama et de quoi avez-vous discuté ?

Ali Bongo : ben… je pense qu’il était important pour nous de rencontrer le président Obama qui est quand même le président des Etats Unis, l’un des plus importants partenaires du Gabon. Je voulais lui dire les progrès que nous faisons dans les réformes que nous avons mis en place au Gabon et lui demander des conseils et son soutien pour tout ce que nous faisons au Gabon. Parce que, aussi en tant que leaders, nous devrions aussi discuter de la situation internationale vu que le Gabon est dans sa seconde année de siège non permanent au conseil de sécurité des Nations-Unis.

Michel Martin : êtes vous conscient que votre visite est controversée?

Ali Bongo : l’est-elle?

Michel Martin : oui ! Vous ne le savez pas?

Ali Bongo : je l’ai entendu.

Michel Martin : comprenez-vous la nature de cette controverse?

Ali Bongo : non.

Michel Martin : puis-je vous le dire?

Ali Bongo : oui ?

Michel Martin : Il y a un certains nombre de personnes qui sont déçus que le président Obama accepte de vous rencontrer. Il y a des activistes aux USA et dans votre pays qui disent que la visite n’aura pas dû être accordée, car nous n’avez pas fait suffisamment répondu aux charges qui pèsent contre vous; vous accusant de corruption et d’abus de droits humains qui d’ailleurs sont endémiques dans votre pays

Ali Bongo : bien, en ce qui concerne les droits humains, je suis désolé de vous dire qu’il n’y a absolument contre moi aucun soupçon d’abus des droits humains. Aucun. J’ai été ministre de la défense pendant 10 ans et pas une seule fois ai-je été accusé d’avoir enfreint aux droits de l’homme. En tant que président, j’ai aussi une tenue très propre dans ce domaine. Alors, je ne sais pas d’où viennent ces accusations. Je pense que la plupart de ce que vous lisez sur le Gabon est incorrect.

Michel Martin : pouvez vous me donnez un exemple?

Ali Bongo : mais je viens de le dire, à propos des droits de l’homme. Nous ne pouvons pas passer notre temps à vivre dans le passé. Nous avons au Gabon beaucoup de reformes en cours. J’ai commencé à reformer le pays dans la direction voulue par mon peuple. Pendant la campagne j’ai dit à mon peuple, ce que voulais faire pour lui, et du besoin de reformes. Les gens on très bien répondu et c’est ce que je fais depuis que je suis président. Donc, soit certaines personnes sont amnésiques, soit elles sont ignorantes. Ces gens ne viennent jamais au Gabon, ils ne viennent pas voir ce que nous avons fait. Ils se contentent de nous pointer du doigt et dire tout est mauvais, tout est mauvais, tout est mauvais.

Michel Martin : j’aimerais vous citer ce qu’a dit, Jay Carney, le porte parole de la Maison Blanche qui répondait à la question de savoir s’il était approprié que monsieur Obama vous rencontre. Il a dit que le Gabon occupait la présidence rotatoire du conseil de sécurité, il a aussi dit que le Gabon entreprenait des reformes. Mais avec tout le respect que je vous dois, l’un des journaux les plus importants des USA, a appelé votre pays : « un musée de la kleptocratie » où des gens associés à votre famille se sont grassement enrichis au détriment du peuple, alors je vous demande quelles sont les reformes dont vous parlez ?

Ali Bongo : d’abord, où sont les preuves de ce qui est dit ?

Michel Martin : l’argument est qu’il y a plein de projets dans votre pays, mais le tiers de la population vit avec 2 dollars par jour. Vous êtes quand même le troisième producteur de pétrole en Afrique au sud du Sahara, et d’aucuns pensent que le niveau de vie devraient être plus élevé? Avec tout l’argent que le pays génère ?

Ali Bongo : mais il y a aussi ceux qui croient que dans certains pays, il ne devrait pas avoir de pauvreté, ni chômage, ni sans abris. Ce que je dis est que je n’ai pas besoin que les gens me disent ce qui va mal dans mon pays. Je me suis toujours battu pour plus de justice et plus de démocratie dans mon pays pendant les 25 dernières années. Dans mon pays j’ai cet historique. Je ne suis pas un fils de chef d’état typique qui n’a fait que jouir de la vie ; les gens le savent dans mon pays, c’est pourquoi ceux qui m’accusent ne connaissent ni mon pays, ni mon parcours.

Michel Martin : pouvez vous nous décrire le genre de reformes que vous tentez de mettre en place?

Ali Bongo : en tout, il est important pour nous d’améliorer la gouvernance. C’est ce que nous essayons de faire. Premièrement, nous voulons réduire la taille de l’administration publique, diminuer les dépenses et combattre la corruption. C’est ce que je suis en train de faire. Je suis désolé encore une fois de vous le dire, mais… vous savez, quelqu’un m’a dit qu’il y a un domaine dans lequel nous avons de mauvaises performances, c’est le domaine de la communication. C’est vrai, je ne raconte pas partout que j’ai fais ceci ou cela, mais parfois j’espère que d’autres feront proprement leur travail et viendront au Gabon voir ce qui s’y passe.

Michel Martin : pouvez-vous me donner un exemple ?

Ali Bongo : je viens de renvoyer deux importants départements administratifs, les membres de deux départements importants. L’un qui s’occupait des bourses d’études pour nos jeunes. Le département entier fut limogé à cause de la mauvaise gouvernance ; nous avons une enquête en cours. L’autre, j’avais promis à mon peuple que je serais fort dans l’habitat. Mais notre département de l’habitat ne répondait pas bien. J’ai aussi limogé le département entier. Nous avons commencé des enquêtes car nous savons qu’il y a eu des cas de corruption. Donc j’ai pris ces grandes mesures ; mais avez-vous vu cela dans la presse ?

Michel Martin : C’est pour cela que nous saisissons l’opportunité d’en discuter avec vous.

Ali Bongo : merci, merci.

Michel Martin : Avec tout le respect que je vous dois, j’aimerais encore poser une question sur ce sujet avant d’aborder les questions de relations internationales vu votre rôle au conseil de sécurité en ce moment. Votre famille possède des dizaines de maisons en France et cela est en ce moment l’objet d’une enquête en France. Est-ce vrai ?

Ali Bongo : C’est vrai.

Michel Martin : pourquoi avez-vous besoin d’autant de maisons en France ?

Ali Bongo : nous sommes une famille nombreuse. Beaucoup de mes frères et sœurs travaillent et ont des opportunités de s’acheter des maisons et appartements. Mais là n’est pas le problème. Le problème est que moi personnellement, je n’ai rien à voir dans cette affaire. Moi personnellement, Ali Bongo Ondimba, je ne possède rien en France. Donc, je ne m’inquiète pas du tout de ce problème. Il y a une enquête en cours, c’est très bien, ils doivent enquêter. Mais je ne me fais aucun souci. Ce que je dois faire est de continuer à m’occuper du peuple gabonais car c’est mon travail.

Michel Martin : pouvez-vous nous donner votre résumé de la situation en Libye ? Le porte parole de la Maison Blanche a dit que votre pays a été très utile aux Etats-Unis dans ce dossier.

Ali Bongo : En tant que membre du conseil de sécurité, le Gabon a voté pour une résolution dont nous pensions, quand nous votions, qu’elle allait dans le sens de la protection du peuple libyen qui était agressé et se faisait tuer par son propre gouvernement. C’était une situation face à laquelle nous ne pouvions pas seulement être spectateur, sans réagir.

Michel Martin : Beaucoup de gens pensent que le président Obama n’a pas été suffisamment agressif en Libye et aurait du intervenir plus tôt, qu’en pensez-vous ?

Ali Bongo : mais j’ai aussi entendu dire qu’il y ait certains qui pensent qu’il en faisait trop en Libye. Donc je pense que c’est une situation difficile. Les USA ont montré beaucoup de leadership au conseil de sécurité pour faire passer la résolution sur la Libye, et sont très actifs au sein de l’OTAN.

Michel Martin : finalement, j’aimerais vous demander, puisque vous dites être mal compris, de nous dire ce que vous aimeriez que le public américain qui nous écoute retienne du Gabon ?

Ali Bongo : ben, le Gabon est un endroit où il fait bon vivre. Nous avons tellement de gens qui viennent des autres pays africains pour vivre au Gabon, d’ailleurs cela nous pose des problèmes à cause de l’immigration clandestine. Nous aimons la paix et avons une vraie démocratie, la preuve est que vous êtes capables de me dire ce que certains gabonais pensent de ce que je fais. C’est un signe que nous avons une vigoureuse et robuste démocratie. Le Gabon est aussi une terre d’opportunité, 85% du territoire est couvert par la foret, la jungle. Le Gabon a la superficie du Colorado avec environ 1,4 million d’habitants. Nous sommes très forts en environnement parce que nous pensons que les changements climatiques seront le gros problème de demain. Notre taux de déforestation est de moins de 1%, juste pour vous dire ce que nous faisons. C’est une terre d’opportunité pour le business. L’année dernière, nous avons eu 5 milliards de dollars d’investissement. Nous voulons que les américains viennent nous rendre visite. Nous voulons spécialement que les entreprises américaines investissent au Gabon.

Michel Martin : Avant de finir j’aimerai vous poser une question sur la première dame. Je ne sais pas si vous avez rencontré notre premier dame, Michelle Obama, elle a prit l’initiative de promouvoir la bonne nutrition chez les enfants. Pouvez-vous nous dire quelles initiatives prend votre épouse ?

Ali Bongo : elle prend part aux efforts d’amélioration des conditions de vie de la population. Récemment elle a contribue à une résolution au sujet des veuves. Elle est très impliquée dans l’aspect social de ce que nous faisons. Elle parcourt le pays à la rencontre des populations et trouve des solutions à leurs problèmes, vous savez elle pousse le gouvernement à prendre des résolutions, oui.

Michel Martin : merci de l’opportunité.

Ali Bongo : merci.

Comments

  1. Président à vie de père en fils!

    Il n'y a rien d'autre à dire...

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