L'OPPOSITION AU GABON: ENTRE LES CHOIX, LES MYTHES ET LA RÉALITÉ




Quelques amis de ce blog nous faisaient des remarques depuis quelques jours, concernant notre position face aux "évolutions" de la situation de l'opposition gabonaise sur le terrain, et surtout après la sortie plus que particulière de Pierre Mamboundou depuis Paris, lieu où selon ce dernier, nul de devrait parler du Gabon. Pourtant Ali Bongo s'y rend avec régularité parler du Gabon avec son "ami" Sarkozy. Ces échanges avec nos amis, ont été très instructifs et amicaux, et nous voulons vous faire partager certaines de nos réflexions sur le sujet. Il est évident que pour faire le tour de la question, nous aurons besoins de plusieurs billets.

1. Le classique cheminement du ralliement au Gabon est d'abord le long silence qui prépare la démolition de son parti et l'adhésion à la majorité présidentielle.
Au Gabon, l'histoire démontre que dans l'opposition finalement, c’est le silence qui est plus révélateur que les cris. Nous le remarquons depuis 1990, et même avant; un opposant met beaucoup d'énergie à bâtir une assise politique et un mouvement de masse non négligeable qui croit en lui; puis au moment de son apogée politique et populaire, curieusement, ce leader d'opposition devient aphone et absent du débat politique. La troisième étape pour notre opposant est celle de "grand réconciliateur", celui qui veut "dialoguer avec le pouvoir, aider á la "construction du pays, éviter les "bains de sang", etc. Finalement, notre opposant se désintéresse de son propre parti, quand il ne participe pas activement á sa destruction en fomentant des fausses querelles qui emprisonnent les énergie des militants qui y croient encore, dans des futilités intestines alors que la décision est déjà prise par le "leader charismatique" d'entrer dans le gouvernement en compagnie de quelques uns de ses militants proches. Ce schéma a été celui qu'a suivi Agondjo, Mba Abessole, Kombila, et maintenant Mamboundou, pour ne citer que les opposant les plus en vus et les plus populaires de ces 20 dernières années. N'oublions pas qu'au plus haut de sa popularité, Agondjo décida contre toute attente de créer un climat autoritaire et peu inclusif au sein de cette formation. Climat qui allait créer une scission entre les militants Myené et les autres. Les premiers à démissionner du PGP furent des gens comme Marc Saturnin Nang Nguema qui en claquant la porte, révéla l'atmosphère étrangement exclusive qui existait au PGP. Puis on a vu prendre la porte de sortie presque tous les "progressistes" du PGP y compris le désormais bongoïste Anaclet Bissielo. Le PGP devint une coquille vide et Agondjo ne jouait plus que le rôle de patriarche, appelant à la paix des braves, et allant négocier les accords de Paris avec le gouvernement etc., mais le mouvement politique PGP était mort. A la mort d'Agondjo, Ndao et Mouity Nzamba achèverons cette formation politique à l'aide d'un conflit idiot et inutile. Mba-Abessole et Kombila firent exactement la même chose avec les Bucherons. Mamboundou est en train de faire pareil avec l'UPG. Nous ne pensons pas que ce cheminement identique des grands partis d'opposition au Gabon, soit une coïncidence, mais l'aboutissement d'une action planifiée et coordonnée par le pouvoir Bongo, avec la complicité des leaders politiques de ces partis. Prenons le cas le plus récent, celui de Mamboundou. La longue absence de réactions de ce dernier après la prise de pouvoir d'Ali Bongo, a confondu ses partisans, á tel point que nombreux furent entraînés dans une lassitude et un doute qui n'était pas saint pour l'avenir de ce parti. Nous avons des amis UPGistes qui furent très genés par ce mutisme et craignaient ouvertement pour l’avenir de leur parti et la crédibilité de leur leader. Ces amis renvoyaient ce silence á la maladie, en espérant que soufrant, Mamboundou devait s’occuper de sa propre vie, et s’abstenir de toucher de près ou de loin à la chose politique. Mais les évènements d'aujourd'hui nous laissent dubitatifs.

2. Au Gabon, l'opposition et le pouvoir s'accommodent l'un de l'autre. C'est un accord tacite de gouvernance.
Au Gabon, il semble qu'après un certain temps d'activité, le pouvoir fait comprendre aux différents opposants que leur temps d'activités a expiré, et qu'il vaudrait mieux pour eux de s’occuper de ce qui se trouve dans leur marmite, au lieu de réagir sur et agir pour la vie de la Nation. Quand les leaders de l'opposition s'engagent avec le pouvoir dans cette logique, leurs partisans complètement déboussolés vont de désillusions en désillusions, surtout ceux qui s’attendaient à un changement dans ce pays, par le truchement de ce leader. Lequel changement n’a jamais été à l'ordre du jour de l'accord tacite opposition-pouvoir, pour la gouvernance du Gabon. Nous ne croyons pas trop au hasard, car le fait est là. Après 43 années de bongoïsme, où les régressions ont été plus nombreuses que les avancées, où la misère a gagné plus de terrain que la prospérité, le tableau actuel montre que les gabonais sont et restent obligés de boire la même soupe de l'humiliation d'un pouvoir qui se fiche d'eux, et d'une opposition qui leur donne de faux espoirs de changement. A notre avis, ce qui se passe actuellement avec Mamboundou, n'est que le recommencement de l’histoire avec des acteurs différents. Hier Mba-Abessole et Bongo père, aujourd'hui Bongo fils et Mamboundou. C'est pourquoi nous ricanons en coin, quand certains susurrent, pour défendre la position de Mamboundou, que ce dernier a raison de dire que le Gabon se porte bien car la "communauté internationale" est ravie par le calme au Gabon (sans comparaison avec ce qui se passe en Guinée ou en Cote d'Ivoire); neanmoins, nous sentons en ceux qui le disent, une lassitude face à l'attitude sournoise et volontairement hypocrite de leur leader.

La vérité reste que la honte, nos politiciens ne la connaissent plus. La responsabilité citoyenne, a été oubliée. La fierté, la vraie, c’est dans notre passé désormais. Piller le Pays, voler dans les caisses de l’état, bâtir une fortune aux frais de la princesse, n’entame pas l'honneur dans notre société; et ceci qu'on soit de l'opposition ou du pouvoir. Pire, peu de leaders gabonais parlent désormais de leur propre capacité à participer à la refondation d’une vraie nation, et à l’instauration d’une société qui se veut être plus juste et équitable. L'argument, le seul utilisé par les divers bords politiques au Gabon, est désormais : « Mamboundou n'est pas comme celui-ci, Mba-Obame n'est pas comme celui la, Ali Bongo n'est pas comme …etc. Personne ne parle avec hauteur, ni même cohérence de l'avenir du pays. Pour l'opposition gabonaise, l'objectif semble être moins le changement, que la volonté de se bâtir une réputation de lutte qui a terme justifierait que le pouvoir lui attribua quelques acquis de cette lutte. En fait, si nous voulons être honnete, force est de constater qu'au Gabon, la concurrence est plus rude entre opposants, pour le leadership "d'opposant principal", qu'entre opposants contre le pouvoir bongoïste. Quand on sait que les Bongo ont un solide cercle qui détient le pouvoir économico politique, dont les membres sont liés familialement, on comprend pourquoi la dynastie est devenue un nouvel ordre social et politique au Gabon. Meme les opposans savent que la dynastie est la pour rester.

Comments

  1. Très bonne analyse. Je suis surtout d’accord sur ce qu’il a plus d’antagonisme entre les oppositions, qui cherchent chacune, à être beaucoup plus leader de ce camp, qu’ à chercher des stratégies pour une plausible alternance.


    C’est très exactement ce qui serait en train de ce passer. Plusieurs observateurs pensent que PMM, qui voit sa carrière dans l’opposition régresser, préférerait « émerger » qu’à faire bloc avec ses pairs opposants. Chaque opposition ayant ses fiefs, PMM préfère ce choix qui sauvera sa carrière, qu’à continuer dans ce camp en perdant l’étiquette d’opposant historique. Cette étiquette, mieux vaut la perdre sous de beau drap qu’au profit d’individus qui sont en train de le noyer dans l’histoire.


    C’est ringard, mais c’est le triste constat que nous faisons. L’élection d’aout 2009 en est l’illustration parfaite. PMM a refusé toute possibilité d’une candidature unique pour l’opposition. Il fallait se mettre derrière lui ou aller louvoyer ailleurs. C’est pourquoi l’ACR n’est rien de sérieux comparé, par exemple, au CODE ou au HCR dans les années 90, encore moins à l’Union Nationale qui a une constitution légale.


    Dans l’ACR, Mayila, Ndao, Mouity Nzamba et Kombila n’ont fait que se mettre « derrière » PMM. Des pourparlers du genre « qui » sera candidat pour représenter ce groupe étant impensables. La mégalomanie, qui aujourd’hui justifie son penchant pour Ali, prévalant sur le réel vouloir de l’alternance. Aujourd’hui, au regard de tous ces faits, il ne fait aucun doute que PMM, entre l’humiliation d’ « émerger » ou l’humiliation de perdre son titre d’opposant historique en travail avec l’UN, où se trouve, en masse, des gens bien plus frais, préfère mille fois la première humiliation.


    Quant on voit bien les parcours de Mba des bois, de Didjob, d’Agondje (et de son résiduel PGP), de Manganga Moussavou, de Kombila et, aujourd’hui, sans risque de me tromper, de PMM, on se rend compte que c’est le même conflit de leadership, au sein de l’opposition, qui continue dans la majorité. Chacun voulant à tout prix montrer combien, plus que ses rivaux de l’opposition, peut contribuer à l’avancement du Gabon.

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  2. je voudrais simplement rappeler que les leaders de l'union nationale qui sont un courant du PDG sont mal placés pour donner des leçons. Ce ne sont pas les larme de crocodile de AMO à la sorbone pendant la campagne qui vont transformer cet individu en ange, qui feront revenir les morts qu'il à sur la conscience ou nettoyer le sang des gabonais qu'il a sur les main. l'affaire radio fréquence 3 avec son propre beau frère, les femmes du rond point de la démocratie, robert MINTSA, Grégorie, Marc ONA, pour ne citer que ceux-la, on s'en souvient encore. En tout cas le moment venu, il rendra compte. L'impression que ces mesieurs nous donnent, c'est que les coupables du gachis que connait le pays est le fruit de marciens venu de l'audela et repartis sur mars 40 ans plus tard après le décès de OBO. Que les gens arretent de penser qu'il n'y a que des idiots dans ce pays. Et si Marie Ange Casimir OYE MBA, Jean EYEGHE NDONG,ou un autre discident du PDG de l'UN avait été choisi à la place d'ALI et remporteé l'élection, l'UN aurai vu le jour? de qui se moque t-on? de toutes les façons ceux-la qui pensent que dans le peuple gabonais il n'y a que des naifs, leur surprise sera grande. Le mamba vert et le serpent vert sont tout deux des serpent verts, mais le mamba est mortel, prenons garde de choisir le bon serpent vert. alors que le cirque s'arrete.Si on est vraiment citoyen que l'on commence par justifier chacun sa richesse aux autres compatriotes. Mais enfin, arretons!!!!! pour les initié qui ont compris, le débat est ailleurs, cellui de untel ou untel a trahi est un faut débat qui a servit à certain pendant 40 ans pour éloigner tous les autre du pouvoir donc de l'enrichissement, en diabolisant celui-ci pour ne pas être nombreux à profiter des gateries du vieux OBO, lui faisant croire qu'il était leader d'opinion dans leur contrée et lui garantissant les votes cash.La majorité silencieuse leur réserve un surprise de taille

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