QUELLE FUT LA PORTÉE DE LA CONFÉRENCE NATIONALE DE 1990?



Ce soir, sur la RTG1, se tenait un débat dont le titre était : « La Conférence Nationale de 1990, Tournant Historique dans l’Evolution Politique du Gabon ». Cette Conférence Nationale s’est tenue à Libreville du 23 mars au 19 avril 1990. Sur le plateau de la RTG1, autour de David Ella-Mintsa, il y avait : Anaclet Bissielo, François Owono-Nguema, Leonard Andjebe, Jean Marc Minso, et en arrière plan se situaient Alexis Mengue-Meye et Wilson Ndombet. Nous nous demandons d’ailleurs pourquoi ces deux derniers n’ont pas été placés autour de la table comme les 4 autres invités ; mais l’explication se trouve peut être à la tendance du débat qui a démontré que les deux derniers cités aient été les seuls à attaquer l’orthodoxie bongoïste du discours de la table principale. Nous vous livrons ici notre analyse de ce que nous avons retenu de cette émission.





1. Andjebe et Owono-Nguema trop prévisibles
Avec ces 2 dinosaures du PDG, nous avons été servis d’une régurgitation de clichés PDGistes et bongoïstes que nous pensions éteints depuis la fin de la « Minute du Parti ». Nous n’avons eu droit, de leur part, qu’à des hyperboles louant « le fin tacticien » qu’était Bongo, le grand connaisseur de la géopolitique gabonaise et africaine, le grand rassembleur qui a su anticiper le changement venu de l’Est etc., mais ces deux ont complètement relégué au second plan l’état lamentable dans lequel leur grand stratège a mis le Gabon, et qui a occasionné la grève estudiantine qui a forcé la main du PDG pour que s’organise la Conférence Nationale. Pour eux, c’est le PDG qui de l’intérieur débattait déjà de toutes les questions liées au multipartisme et que la Conférence Nationale n’était qu’un aboutissement logique du processus entamé au sein du PDG. Non mais ils rigolent ! Andjebe ira même plus loin en attribuant l’avènement du multipartisme à Ali Bongo, sous prétexte qu’il dirigeait le courant des rénovateurs qui négocia la rentrée au Gabon du père Mba Abessole du Morena. Non mais on aura tout entendu. Il a fallu que d’autres panelistes leur rappellent que certains gabonais n’ont pas attendu Ali Bongo pour appeler au multipartisme en 1981.




2. Un Jean Marc Minso ayant eu le courage de mentionner les oubliés
Nous avons été frappé par les « cojones » de Jean Marc Minso, dans son introduction, qui a été le seul à mentionner qu’il fallait avoir une pensée pour des gens comme Germain Mba et Redjambe, qui se sont battus pour la liberté et y ont laisse leur vie. C’est un discours qui est encore tabou chez nous au Gabon, que de parler ouvertement des crapuleries de notre grand « stratège ». Cette citation de ces 2 noms sur la RTG1 démontre que le mensonge et la manipulation d’état ne paralysent pas encore tout le monde, même si les médias publics gabonais espèrent une amnésie et une torpeur de la part de la population. Il faut louer encore et toujours la grandeur des Bongo, et ce sans relâche.




3. Un Anaclet Bissielo totalement « Bongoïste »
Cet ancien cadre du PGP a pratiquement renié ses prises de positions d’entant, en affirmant que le jeune qu’il fut en 1990 ne comprenait pas pourquoi il avait été nécessaire de laisser Bongo père continuer au pouvoir, mais que maintenant il comprend mieux. Rien que ça chers lecteurs ! Notre brillant sociologue va plus loin quand il déclare, toute dignité et honte l’ayant déserté, que le maintient de Bongo au pouvoir était justifié par l’argument du « paradigme de la paix ». Ne vous esclaffez pas encore, chers lecteurs, car ce n’est pas fini. Le même lumineux sociologue nous dit que c’est ce maintient du pouvoir par le « paradigme de la paix » qui a sauvé le Gabon en 1990 et qui a encore sauvé le Gabon en 2009 lors des élections présidentielles. Donc pour nous qui n’avons pas de doctorat en sociologie, il faut accepter de considérer les Bongo comme des dons de Dieu, même si en plus de 40 années de vente de pétrole, de bois et de minerais, nos ventres restent désespérément vides. Mais nous avons la paix, n’est-ce pas ? Bissielo passera alors un autre cap sur l’échelle du griotisme, quand il indiquera qu’Ali le deuxième sauveur et préservateur de la paix au Gabon après son père, a tellement bien appris la leçon de la Conférence Nationale, que les mesures découlant de son premier conseil des ministres, sortent toutes des recommandations de ces assises. Bon, nous espérons vivement que ces actes de caresses dans le sens du poil, vaudront à Bissielo une place dans le prochain gouvernement de l’émergence II ; il l’aurait mérité. Mais nous aimerions demander à Bissielo s’il pense que la répression subite par le PGP et les citoyens gabonais en 1990 et 1993, était nécessaire à la préservation de la paix ? Que la mascarade électorale de 2009 eut été nécessaire à la préservation de la paix ?




4. Ouf, Alexis Mengue Meye et Wilson Ndombet, les 2 voix de la raison
La comédie de David Ella-Mintsa et de ses invités autour de la table aurait été, pour nous, très pénible à supporter, n’eut été la présence des deux professeurs mentionnés ci-dessus, qui, bien que relégués dans l’équivalent des « gradins populaires » pour ce débat, l’ont plus que relevé car étant les seuls à rester hors de la parlance langue de bois ; ce qui fut particulièrement rafraichissant sur ce plateau dégoulinant de bongoïsme. Ces deux compatriotes ont affirmé avec de bons arguments que la Conférence Nationale fut un échec, du fait que l’ambition des gabonais qui était le changement incarné par le départ des Bongo et la lancée du pays vers un nouvel horizon, ne fut jamais sérieusement considérée. Cette Conférence Nationale a aboutit à des résolutions sans lendemain, et fut même préparée par les soins d’un script que contrôlait Bongo et le PDG. Nous avons particulièrement admiré la rétorque de Wilson Ndombet aux tentatives de Bissielo d’imposer la langue de bois par son « paradigme de paix », qui fut en substance ceci : « faut-il se garder de poser des questions fondamentales et avoir un débat franc sur le devenir du pays, sous prétexte de risque pour la paix ? ». Nous sur ce blog paraphrasons ces deux braves gabonais isolés dans les gradins populaires de l’émission, en demandant aux Bissielo : « Faut-il garder au pouvoir un dictateur et sa descendance, au motif qu’ils préservent la paix ? ». Nous attendrons la réponse de Bissielo qui comme tout brillant enseignant qui se respecte, viendra nous faire la démonstration magistrale de la justesse de son fameux « paradigme ».

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