LE THÉATRE DE L’ABSURDE : LES GABONAIS SONT INVITÉS A UNE ÉLECTION DE PLUS

Louis Gaston Mayila, porte parole de l'ACR, au sortir d'une visite chez M. Ndongou en vu de préparer les partielles


La classe politique gabonaise, PDG et opposition, est en train d’entrer progressivement en ébullition. En effet elle est sur le point de demander à la population gabonaise de la départager « très démocratiquement » dans une élection qui sera sans doute aussi « transparente » que les précédentes. Au menu, quelques poste de députés et sénateurs qu’occupaient les anciens membres du PDG qui n’ont pas soutenus Ali Bongo lors de la dernière présidentielle. Dans un pays ou rien n’a changé qui pourrait laisser croire à une tendance vers l’alternance politique, l’opposition par le truchement de l’UN et de l’ACR promet aller à l’élection. Mais dans quel but et avec quels objectifs ? Ce blog pense que cette élection ne sera qu’une futilité de plus dans la dramaturgie qu’est devenue la politique gabonaise. On a même l’impression que rien n’a changé depuis 1990, car si les acteurs politiques se succèdent, le rôle de l’opposition reste fixe ; tout aussi fixe qu’est la famille qui doit diriger le pays. Ces deux contrepoids se maintiennent dans un équilibre qui semble prédéterminé. Dans ce climat général de fausseté, pourquoi demander aux populations de se tracasser à aller voter, si les résultats sont déjà sous scellé ?

1. Dans les circonstances actuelles, aucun scenario ne donne l’opposition gagnante
La présidentielle 2009 a été passionnante car les gabonais s’imaginaient que c’était la fin des Bongo. André Mba Obame avait des atouts : un média qui relayait son message, une fluidité de communication qui rendait ses meetings intéressant, etc. Mamboundou avait des atouts, des supporters déterminés. Ali Bongo, malgré tous les gros moyens financiers, ne faisait clairement pas le poids. Pourtant à l’arrivé, tout le talent de Mba Obame, toute la détermination de Mamboundou, n’ont pas empêché la parodie électorale d’être réalisée. Vu que les conditions qui existaient en Aout 2009 sont identiques à celles en place aujourd’hui, en termes de listes électorales, de mécanisme électoral (Mborantsuo et CENAP), comment peut-on penser que le PDG puisse être mis en difficulté au Gabon ? Comment des gens qui n’ont pas pu empêcher Ali Bongo de se hisser frauduleusement sur le fauteuil présidentiel au Gabon, peuvent-ils véhiculer le message d’une alternance passant par les chambres du parlement. C’est tout simplement surréaliste. Les patrons de l’UN et de l’ACR sont bien placés pour savoir que les irrégularités électorales restent très nombreuses. Comme on l’a vu avec la CENAP validant des chiffres absolument statistiquement impossibles, les niveaux de corruption et de truquage qui ont toujours été signalés depuis 1993, restent incroyablement élevés. Même si on peut demander aux gabonais d’ignorer certaines de ces irrégularités, les problèmes techniques et logistiques seules suffisent pour que ces élections soient reportées ou simplement annulées, puisqu’elles sont loin d'être libres et transparentes. Par conséquent, il est curieux que les partis politiques de l’opposition, et ce qui compose « la société civile », n’aient pas demandé un moratoire électoral au Gabon, en vue de la création d’un environnement plus favorable dans lequel des élections libres et transparentes puissent être organisées. S’ils préfèrent aller aux élections dans les conditions actuelles, on est tenté de conclure qu’ils seraient peut être déterminés à soutenir le pouvoir en place.

2. Pourquoi faire perdre du temps aux paisibles citoyens ?
Ils ont truqué la présidentielle, comment penser qu’ils ne fassent pas pareil avec les partielles et législatives ? L’opposition ne contrôle aucun levier de pouvoir, comment compte-elle battre le PDG qui contrôle absolument tout? Comme pour toutes les élections qui se sont succédées au Gabon, ces législatives ne représenteront pas la volonté réelle des gabonais. Rien n’arrêtera les bongoïstes, en tout cas pas une élection. Il faut passer à autre chose. Demander aux gabonais de croire en l’alternance par les législatives ne leur apportera que de la confusion et de la frustration, car ils vont encore se faire voler leur vote. Dans l’état actuel des choses, il faut que les gabonais arrêtent d’aller voter, et exigent une restructuration de tout l’appareillage électoral du Gabon. De toute manière, vu que l’opposition est utilisée au Gabon pour faire de la décoration politique, si le peuple arrêtait d’aller voter, le pouvoir aurait bien du mal à se réclamer démocratique, car l’un des aspects fondamentaux des démocraties est qu’elles sont participatives. Un peuple qui refuse de jouer le jeu électoral ne le fait qu’en absence de démocratie. Un fort taux d’abstention serait un message fort des gabonais envers les politiques, leur demandant de changer de donne. La vielle méthode des oppositions « faire valoir » ne marchant plus. Aujourd’hui c’est tout ou rien. Il faut exiger une liberté intégrale et non des arrangements en trompe l’œil. Le pouvoir a besoin de présenter à l’opinion internationale une masse critique de gabonais en plein exercice de vote ; et comme le pouvoir va tricher, ils pourront alors dire que « la majorité des gabonais soutient Ali Bongo et son équipe », ce qui est archi faux. Les patrons de l’UN et de l’UPG savent que le PDG ne les laissera jamais gagner car Ali Bongo ne peut pas se permettre d’être plus fragilisé qu’il ne l’est déjà. Alors la question reste de savoir pour quoi ces gens vont à une élection qu’ils savent perdue d’avance ? On a l’impression d’être en pleine tragi-comédie politique. Seul le peuple peut mettre de l’ordre dans tout ca en restant tranquillement à la maison.

Les gabonais ne se font plus d'illusion sur les élections. Tout se passe comme s’il y avait un contrat entre le pouvoir et l’opposition dans l'intérêt d’un certain équilibre « gagnant-gagnant » où le perdant reste le peuple qui se fait flouer depuis des lustres. Il ne faut pas s'étonner du désamour vis à vis de la politique et des élections futures. Les Gabonais attendent beaucoup plus de la part des politiques, que du petit business électoral qui prévaut en ce moment.

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