LE PITOYABLE FOLKLORE POLITIQUE DU PDG




C'est un vieux remake datant du temps du parti unique, une relique, une tradition. Le PDG, "le grand parti de masse", ne saurait rien faire sans tamtameurs, danseuses bougeuses de fesses et griots dithyrambiques. Ils sont dans nos foyers, grâce à la bienveillante RTG1 qui nous tient au courant de ces faits hautement "culturo-politiques", spécialement habillé dans le même style, c'est à dire le pagne Bongo devenu ubiquitaire au Gabon (le fournisseur doit se faire un fric incroyable), la casquette Ali-9 vissée sur le crane. Le scenario est le même qu'on soit à Mandji, Bitam ou Bakoumba, c'est-à-dire une séquence formulaire s'établissant de manière suivante:


1. L'acte premier: les discours des soutiens associatifs
On trimbale un jeune lycéen devant les cameras, on lui met un micro devant la bouche et on lui fait lire un texte stéréotypé dont le point est devenu la grande maxime du Bongoïsme qui se décline de la façon qui suit: "NOUS, jeunes de Mabanda, soutenons le camarade-président et son projet de société bla-bla-bla, et mettons en gardes les vendeurs d'illusions bla-bla-bla…" Le jeune fini laborieusement son texte, et on lui remet sa petite enveloppe pour le coca-cola avec ses amis. Il a fait passer son message, les jeunes de Mabanda, ou de Ntoum, ou de Mekambo sont tous derrière Ali Bongo.

2. L'acte 2: le discours du doyen politique de la région
Si on a beau souvenir, n'est-ce pas le PDG qui promettait d'en finir avec les roitelets et princes politiques régionaux? N'était-ce pas là l'un des actes de rupture qu'était supposé apporter Ali Bongo? Mais bon peut être qu'il a déjà oublié toutes ses promesses. Toujours est-il que ces derniers temps, les doyens politiques régionaux reprennent du service avec l'énergie du désespoir. Un René Ndemezo'o va à Bitam prononcer un discours paternaliste à l'ancienne, à savoir: "on va s'occuper de vous, le PDG va vous soigner, vous éduquer, vous garantir la paix, vous laver, vous habiller, vous bichonner etc.". Suite aux discours de ces grands patrons, que dis-je, ces "doyens politiques", c'est souvent la déferlante des partisans dans les rues villageoises pour des marches de soutien à Ali Bongo, le tout devant les bienveillantes cameras de la RTG1. Pour une chaine de télévision dont les agents se plaignent de n'avoir que peu de moyens, il est quand même bizarre qu'ils arrivent à toujours envoyer une équipe filmer les activités folkloriques du PDG n' importe où dans le pays et en dehors.

3. L'acte 3: les dons aux populations
Le PDG est généreux, très généreux. Ça il faut que les gabonais le sachent. Grâce au PDG, 2 pêcheurs de Lambaréné ont reçu du "camarade" Emmanuel Latte, 2 moteurs hors bords Yamaha. Grâce au PDG, les pêcheurs Apindji de la Ngounié ont un tout neuf moteur hors bord. Grâce au PDG, la caravane médicale est passée par Mitzic et quelques villageois ont reçu des onguents pour traiter leurs rhumatismes. Grâce au PDG, un petit village près de Makokou a reçu 2 brouettes, 4 pelles et des marteaux. Grâce au PDG, un hôpital de Bitam a reçu des mains de Ndemezo'o, 4 lits avec 4 matelas. On entretien la pauvreté, pour ensuite faire semblant de soulager les pauvres avec des dons ponctuelles et symboliques, sans incidence sur la vie de l'ensemble de ces communautés, mais c'est ça la méthode PDG. Construire un pays solide est trop difficile, alors on fait avec les moyens du bord, on fait des dons ici et là et on prétend résoudre les problèmes des populations et du pays.

4. Le dernier acte: la gnole et la bouffe
Là ça devient sérieux, car les gabonais ont très soif et très faim. Alors dans leur infini bonté, les doyens politiques régionaux offrent des repas bien arrosés à la Régab et au Sovibor et son petit frère le Mabouela. Ordre du jour, faire s'empiffrer les villageois, pour leur rappeler qu'au PDG, on sait promouvoir l'alcoolisme et la mendicité villageoise. Ces villageois ne mangeront qu'une seule fois, mais ce n'est pas grave. A défaut d'eau potable, d'électricité fiable, de médicaments en quantité suffisante, on va au moins faire en sorte que les villageois se saoulent bien la gueule. Une fois qu'ils seront bien pétés, ils se souviendront toute leur vie de cette bonne pinte. Et qui leur a payé le vin? Le PDG bien sur.

Comme du temps du parti unique, le rôle de tout membre du parti-état et de tout apparatchik du régime, reste d'informer la population qu'Ali Bongo s'investisse beaucoup dans leur bien être. Même si cet investissement reste invisible, les griots persistent:«le gouvernement déploie des efforts remarquables pour améliorer la vie des citoyens» disent-ils dans tous leurs discours. La situation du Gabon est très sérieuse en ce moment et faire la fête n'est pas vraiment ce dont on le plus besoin les gabonais. De qui se moque-t-on ? À cette époque où il est beaucoup question de paupérisation de la population, voilà que les autorités officielles décident d'organiser ce « folklore » politique dont seuls les débits de boisson sortent gagnants. Quel triste spectacle que celui que donne le PDG, on y observe la concrétisation de la célèbre formule de Juvénal : « Du pain et des jeux » en lieu et place de vrais débats et de vrais initiatives. Le type d’événements qu'organisent le PDG n’a rien de commun avec ni la politique responsable, ni la culture de nos peuples. Le PDG se donne avant tout prétexte de défoulement et surtout de beuverie, pour abrutir encore un peu plus les Gabonais et les enfoncer plus profondément dans la dépendance. Plus les Gabonais seront dépendant, plus ils auront besoin du PDG.

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