Lâcheté Journalistique






A quoi sert le journalisme au Gabon? Je me suis posé cette question suite à la lecture d'un article paru dans l'organe de presse officiel "Gabon Matin". L'article, sous des habits d'analyses n'était qu'un véhicule d'attaque et d'invective à l' endroit de la nouvelle formation politique "UN=Unité Nationale". Je me suis alors demandé qu'elle fût la tâche assignée à ce journaliste, et que voulait-il transmettre en écrivant un tel article torchon.

L'auteur de cet article, Lin Joël Ndembet, certainement nommé à ce poste par conseil des ministres et donc redevable à l'Etat PDG, ne se prive pas pour démontrer quel maitre il sert. C'est ainsi qu'il écrit dans son article le paragraphe plein de paradoxes suivant:

"Un groupement qui s’est construit sans la capacité d’élargir leur base politique, si elle existe vraiment, à d’autres grandes figures de l’opposition historique gabonaise. Zacharie Myboto et les autres sont également peu crédibles, pour nombre d’observateurs, parce que, si l’on tient compte de la numération, la seule présence de six membres du groupe ethnique Fang au sein du directoire, permet de croire que l’on n’est pas loin de favoriser un repli identitaire au sein de l’Union nationale. Une configuration bien contraire à l’idée de formation nationale et qui laisse penser qu’ils sont prêts, après la présidentielle, à faire, à nouveau, courir aux Gabonais les risques d’explosion du socle sociale et de l’unité nationale."


D'entrée de jeu, on aurait presqu'envie de prendre au sérieux les élucubrations de Monsieur Ndembet et de lui attribuer la médaille d'or du défenseur du principe de la cohésion nationale. Malheureusement, un examen des faits sur le terrain au Gabon permet d'exposer sous le soleil Gabonais l'hypocrisie et le mercantilisme journalistique de gens comme Lin Joël Ndembet. En effet, si on accepte l'assertion de Mr Ndembet selon laquelle le nombre de Fang dans le directoire du parti "Unité Nationale" est un problème, on devrait donc aussi poursuivre cet inventaire jusqu'aux plus hautes sphères de l'état, car on ne peut pas dire que trop de Fang dans la direction d'un parti politique n'ayant aucun pouvoir dans le pays, est une menace pour la cohésion nationale, tout en ignorant qu'une ethnie, je dirait même une famille, domine outrancièrement les plus hautes arcanes du pouvoir au Gabon. Chers lecteurs, j'ai cherché tous les écrits de journalistes Gabonais, y compris ceux de Lin Joël Ndembet, et je n'ai trouvé aucun écrit venant d'un journaliste "officiel" qui décriait les faits suivants:

1. Ali Bongo, biafrais fils adoptif de Bongo et président. Chose interdite par la constitution.
2. Pascaline Bongo, sœur du president est aussi son haut représentant personnel.
3. Patrice Otha, parent direct de Bongo père, est le directeur de Cabinet d'Ali Bongo en remplacement d'Oyiba un autre parent à qui on a confié un autre poste juteux après s'être illustré dans le scandale de la BEAC.
4. Maixent Accrombessi, un béninois dans le cabinet présidentiel.
5. Léon Paul Ngoulakia, parent direct d'Ali est son conseiller charge des renseignements et de la sécurité.


Je me limiterais à ces 5 exemples car la liste serait trop longue si on y ajoutait les Mborantsuo et Laure Ngondjout qui ont des enfants de Bongo père et occupent parmi les plus hautes fonctions dans notre pays. Donc quand on remarque qu'un journaliste s'interroge sur la présence Fang dans le directoire d'une formation politique tout en passant sous silence l'emprise des Bongo sur l'appareil de l'état Gabonais, il ya lieu de se demander: DE QUI SE MOQUE T-ON? Dans un pays où il suffit d'être un Bongo pour être PDG de banque, chef du patronat, général d'armée, etc., et ce en dépit des compétences requises, j'en suis à me demander si la déontologie journaliste atterrira un jour au Gabon.
Je sais que le métier de journaliste est très critiqué, souvent de manière injustifiée. Je sais qu'il ya des clivages importants entre les journalistes "officiels" et les indépendants qui s'essaient dans des conditions difficiles. Mais quand les journaux officiels trop ancrés dans le Bongoïsme, continuent de prétendre informer les gens, tout en publiant des articles bidons dont les paradoxes peuvent être décelés par n'importe quel gamin, il y a lieu de se demander où on va.
Je sais que des gens come Lin Joël Ndembet ont des familles à nourrir et qu'ils ont certainement peur de perdre leurs emplois s'ils n'écrivent pas des articles qui démontreront leur loyauté au nouveau Rais Gabonais. Mais je ne puis m'empêcher d'exprimer le plus grand mépris pour ces auteurs qui veulent nous faire croire que la cohésion nationale n'est que la responsabilité de certains (trop de Fang est une menace), tout en dispensant les plus grandes transgressions venant des cercles du pouvoir Bongo. J'ai du mal a croire que certains de nos journalistes soient mauviettes au point de penser que les Bongo soient désormais au dessus de toutes critiques et que ce qui s'applique a l'ensemble des Gabonais est dispense aux Bongo.

Un journaliste qui se respecta, aurait pris la peine de relever qu'il y'ait une énorme différence au niveau de l'impacte sur la population Gabonaise, que puisse avoir le directoire d'un parti politique, contre celui plus absolu de l'exécutif gouvernemental. Qu'on vienne me faire croire que la présence des Fang dans le directoire de l'UN, est plus menaçante pour le Gabon que l'empoignade des Bongo sur l'appareil de l'état Gabonais, est tout simplement une bouffonnerie et l'expression d'une lâcheté journalistique absolument ignoble qui mérite que ceux qui la défende en débattent clairement et se soumettent au questionnement de la population. Mais nous savons tous que lorsqu'on dépasse les slogans, les "émergents" fuient car ils sont vite à cours d'arguments.

Le malheur est que chez nous au Gabon, malgré les contraintes, il y a de bons journalistes. Mais ceux-ci sont confinés dans des publications ne leur donnant pas l'occasion de se positionner en vrai médiateur entre l'information neutre et la communauté. Ce genre de journalistes démocrates enthousiastes, ayant un esprit ouvert à toutes hypothèses, possédant une curiosité tous azimuts et un idéal critique, sont une espèce rare chez nous qui est obligées de raser les murs alors que les racoleurs comme l'auteur de l'article dont il est question ici attendent tranquillement leur prochaine nomination en conseil des ministres.

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